Le fact-checking c’est mal.
Si, si.
Vous le savez bien d’ailleurs.
Alors il y a des critiques qui paraissent évidente. Ça peut donner une fausse impression de neutralité, par exemple.
Mais il y a quelque chose de bien pire. De fondamentalement mauvais. Je vous explique.
Imaginez, face à un discours, vous vous lancez dans la démarche, vous allez vérifier l’info.
Est-ce que Monsieur X a vraiment tenu les propos qui lui sont attribués ? Est-ce que le contenu de tel document correspond vraiment à ce qu’on vous en dit ? Etc.
Si vous vous lancez dans une telle démarche face à un discours, ça signifie une chose : vous êtes susceptibles de remettre en cause ce discours.
Et si ce discours est le discours dominant dans le groupe ? Et si c’est le discours du leader du groupe ? Et si c’est le discours d’un expert reconnu par le groupe ?
Mettons que vous vérifiez une info en lien avec ce discours. Vous vous rendez compte ce qu’il se passe si vous arrivez à la conclusion que cette info est du pipeau ? Vous allez remettre en cause le discours dominant, le discours du leader, le discours de l’expert ?
Ben oui ! Si vous vous lancez dans une démarche de fact-checking, on peut conclure que vous êtes disposé à aller jusque là.
Mais si on attend de vous que vous fassiez preuve d’une solidarité sans faille avec le groupe, que vous suiviez le leader, que vous croyiez en ce que vous dit l’expert ?
Vous voyez à quel point c’est mauvais, fondamentalement mauvais, de se lancer dans une démarche de vérification de l’info ? Le simple fait d’envisager de fact-checker fait de vous un potentiel ennemi de la cause.
C’est un truc qui me semble une évidence avec la désinformation. Généralement, ce qui compte ce n’est pas le fond du propos. D’ailleurs ce fond est souvent changeant et incohérent. Ce qui compte c’est que le propos permet de classer les individus en 2 groupes : ceux qui suivent et les autres.
Vérifier une info implique d’envisager que cette info puisse être fausse. Et donc d’envisager de contredire le discours du groupe. Et de donc de vous ranger dans le camp des ennemis du groupe.
Vous voyez ! Je vous le dis : c’est mal le fact-checking.