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Haine et extrémisme sur Twitter : rester c’est cautionner ?

Je me suis fait une sorte de « Dry January » de l’Oiseau Bleu, un mois de janvier sans Twitter.

Ce qui ne m’a pas empêché de suivre l’actualité.

J’ai, par exemple, pu voir comment Twitter avait banni à nouveau une sorte de nazi américain dont le compte venait d’être rétabli 24 heures plus tôt.

Donc, on a 1 histoire qui fait les gros titres…

…pendant que des douzaines d’autres fachos, antisémites et extrémistes divers réinvestissent l’Oiseau Bleu pour y semer des hoax et des discours haineux. Et oui, parce que pour 1 taré de ce genre qui gicle de Twitter, combien d’autres fachos un peu moins exubérants peuvent se pavaner à leur aise sur le réseau social ?

Mais il n’y a pas que les outrances de ces extrémistes les plus voyants. Avez-vous songé au pouvoir que Twitter peut donner à l’extrême-droite ? Songez à la récolte de données de toutes sortes, aux influences plus ou moins subtiles que pourront avoir l’usage habile des algorithmes, etc.

Et, surtout, si vous considérez que vous ne pouvez pas vous passer de Twitter, il faudrait songer au pouvoir que peut exercer sur vous celui qui en est le propriétaire. Le fait que Twitter paraisse indispensable est sans doute le meilleur des motifs pour chercher des alternatives ou des manières d’y limiter sa présence.

Je suis un anonyme. Je n’ai pas de carrière universitaire. Je ne suis spécialiste en rien. Je n’ai pas de chaîne YouTube. Je ne suis ni un artiste, ni une vedette, ni un dirigeant politique, ni un businessman prospère. Je n’ai ni notoriété, ni prestige. Et avec des débunks, un peu de fact-checking, quelques trouvailles, quelques anecdotes, j’ai rassemblé plus de 5’500 abonnés sur Twitter. C’est beaucoup pour moi. Ça me monte un peu à la tête, je l’avoue. Et j’aurais bien envie de les garder tous ces abonnés. Voire d’en avoir plus.

C’est bon pour mon égo, ça, des milliers d’abonnés.

Je me sens important avec des milliers d’abonnés.

Mais je ne vais pas pouvoir fermer les yeux sur ce qu’il se passe sur Twitter et encore moins sur ce qu’il pourrait s’y passer.

Faire comme si de rien n’était, continuer comme avant, ce serait cautionner, être complice. Générer du trafic et des revenus publicitaires. Contribuer à entretenir le cercle vicieux qui fait que les uns restent parce que les autres y sont, mais les autres y sont parce que les uns restent.

Et il me paraîtrait dérisoire, pour ne pas dire complètement con, de réagir en allant passer un maximum de temps sur Twitter pour y multiplier les signalements et les messages d’indignations, et y générer du trafic et des revenus publicitaires, tout en m’imaginant combattre ainsi la haine en ligne…

Je ne vais pas fermer mon compte tout de suite. Mais mon activité sur Twitter va se limiter en gros à 2 choses :

  1. Garder le contact en échangeant en DM avec quelques personnes.
  2. Partager du contenu que j’aurais publié hors de l’Oiseau Bleu, comme ce billet-ci sur ce blog que je viens de créer. Je vais investir aussi d’autres plateformes, comme Post par exemple. Ou Reddit. Et il y a mon compte Mastodon.

Et je pense qu’il y aura un moment où j’arrêterai. Je garderai mon compte inactif, sans le fermer, pour conserver le contenu. Et puis à terme, il faudra réfléchir… ben… à mettre un terme, justement.

Et je vous invite chacun et chacune à réfléchir à ce que vous voulez faire de votre temps, à comment est-ce que vous pouvez établir des contacts, échanger, débattre, faire passer vos infos, suivre l’actualité, partager vos coups de cœur et coups de gueule, sans contribuer à cette machine à diffuser la haine et le mensonges qu’est en train de devenir l’Oiseau Bleu.

Je conclus avec cet extrait d’interview d’une chercheuse française, qui me parle beaucoup :

Je n’ai pas fermé mon compte Twitter, mais j’essaie autant que possible de me limiter à relayer ce qui m’intéresse, et à ne plus y produire de contenu moi-même. Car à chaque fois qu’on écrit un tweet, on travaille en quelque sorte au développement de Twitter, et donc pour Elon Musk. Et je n’ai pas envie de travailler bénévolement pour lui.

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