« Lützerath ».
Tous les médias en ont parlé de ce bled en Allemagne et nous avons tous vus des images de cette mine de charbon à ciel ouvert et de ces affrontements avec la police. Et j’ai envie de poser une question.
Une question un peu merdique.
Aurait-on vu de telles protestations si tout ce charbon que l’on veut extraire en Allemagne avait été importé de Russie dans des trains ?
Revenons un peu en arrière.
Souvenez-vous, dans les premières semaines de l’invasion Russe en Ukraine. L’UE qui décide des sanctions contre la Russie (et la Suisse suit plus ou moins le mouvement). Et on parle de l’impact que ça aura sur l’approvisionnement en énergie. Et du coup, on recause du fait qu’une partie de notre électricité provient de centrales à charbon.
Donc, imaginons un peu qu’il n’y ait pas eu de guerre et pas de sanctions. Imaginons que des trains ou des bateaux venus de Russie continuent tranquillement à déverser du charbon dans les pays d’Europe. Est-ce qu’il y aurait eu des manifs contre ces importations ?
Alors je sais, je simplifie à fond. Avant, on importait aussi beaucoup de gaz russe. Et une partie du courant qu’on avait prévu de produire avec du gaz russe va être produit avec du charbon. Je simplifie donc.
N’empêche qu’on importait du charbon et que les Russes devaient bien le sortir de quelque part ce charbon-là.
Ne croyez pas que je me moque des écolos qui gueulent contre cette mine. La vie est aussi faite de symboles et cette histoire de village qui va être saccagé par l’agrandissement d’une mine, c’est un sacré symbole.
Je vous invite juste à réfléchir à qu’est-ce qui nous dérange. Que l’on abîme la nature pour produire de l’énergie ? Ou que ça soit visible ? Une mine de charbon en Allemagne est-elle plus scandaleuse qu’une mine de charbon en Russie ?
Et puis tant qu’à y aller dans les questions merdiques on pourrait se mettre à causer du nucléaire. Je regarde tout ça de la Suisse, mais la réflexion vaut pour pas mal de pays d’Europe. Comme d’autres, j’étais dérangé à l’idée qu’il y ait des centrales nucléaires dans le paysage. Fukushima, les déchets, tout ça. Alors bon, sortir du nucléaire, fermer des centrales et n’en pas rouvrir de nouvelles, je trouvais ça bien.
Mais en fait, est-ce que je me posais beaucoup de questions sur ce qui allait remplacer ces centrales ? Parce qu’après coup, je me dis que je me suis réjouis d’apprendre que des centrales fermaient en Suisse ou ailleurs, sans m’inquiéter de savoir d’où provenait le courant électrique qui éclairait mon petit logis.
Je me suis réjouis de la fermeture de la centrale de Mühleberg par exemple. Mais est-ce que je me suis inquiété que l’on importe du courant électrique venu d’Allemagne, de Tchéquie ou de Pologne, produit dans des centrales à charbon ?
(Oui, oui, oui, je simplifie. Sans la guerre on aurait produit plus de courant à base de gaz, ce qui pose aussi des problèmes environnementaux, mais peut-être moins que le charbon.)
Et je ne prétends pas vous amener ici un argument massue en faveur du nucléaire. Je manque de culture générale sur le sujet de la production énergétique et je ne vais pas faire mon malin.
Non, non, ce billet, c’était plutôt pour réfléchir sur notre manière de nous scandaliser, ou pas, en fonction de la visibilité et de la proximité.
Je vous remets donc ici ma question de départ. Aurait-on vu de telles protestations si tout ce charbon que l’on veut extraire en Allemagne avait été importé de Russie dans des trains ?
Il me semble que vous et mois sommes assez au clair sur la réponse à cette question…