Je vais vous parler d’un grand classique en matière d’arguments pourris. Le coup du « il dit des choses justes ». Il y a plein de variantes.
- « C’est pas tout faux »
- « Il y a du vrai. »
- « Y’a quand-même des choses justes. »
- « Il a quand-même dit des trucs intéressants. »
- etc.
Le mécanisme est tout simple. Ça se fait en 2 temps :
- Balancer un tas de bullshit avec quelques propos justes dedans
- Après coup ne mentionner que les propos justes et faire comme si c’était cette partie là du propos qui avait fait réagir.
Ça vous paraît abstrait ? Je vous donne un exemple.
Imaginez. Je dis publiquement un truc du genre :
« Dans le forêts du canton de Vaud, il y a des éléphants, des rhinocéros, des sangliers et des lions. »
Alors là, vous réagissez, et vous dites : « Tonton Grompf, il nous raconte des conneries ! Comment peut-on prendre au sérieux un type pareil ? »
Et, là… PAF ! Je vous mets sous le nez un truc du genre :
Et je joue à « J’ai été dénigré parce que j’avais mis en lumière la présence de sangliers dans les forêts du canton de Vaud. »
Vous voyez le truc ?
Et c’est encore mieux si je laisse faire le boulot à d’autres, si c’est mon fan club qui s’en charge :
- « On critique beaucoup Grompf, mais il dit des choses justes : par exemple, sur les sangliers. »
- « Tout le monde lui est tombé dessus lorsqu’il a dit qu’il y avait des sangliers dans le canton de Vaud ! »
- « On a beau dire, il a pas tout tort Grompf. Regardez avec les sangliers. »
Vous avez pigé le truc.
Là, avec ça, on a déjà oublié mes délires sur les éléphants, les rhinocéros et les lions dans les forêts vaudoises.
Et ça peut se combiner avec d’autres trucs.
Par exemple avec l’homme de paille.
Je déforme vos propos : « Vous avez nié la présence du sanglier dans les forêts du canton de Vaud !«
Ou avec le coup du « c’est pour ouvrir le débat » avec un truc du genre : « Ces réactions ulcérées à mes propos sur le sanglier montrent à quel point il devient difficile de débattre de certains sujets.«
J’exagère avec mon exemple ?
À peine. Regardez sur les RS et vous trouverez facilement des exemples où ce mécanisme est utilisé.
Et je peux même être plus tordu.
Je peux balancer un truc 100% bullshitesque et, ensuite, je déforme mes propres propos.
Imaginez. Je raconte ça :
« Dans le forêts du canton de Vaud, il y a des éléphants, des rhinocéros, des phacochères et des lions. »
Une fois que les gens ont réagit à mes délires, je fais comme si j’avais juste parlé de « sangliers » et pas de « phacochères ». Et je me centre là-dessus et j’utilise les techniques décrites plus haut.
Je peux me poser en victime en prétendant que j’ai été dénigré pour avoir osé aborder la présence de sangliers dans le canton de Vaud.
Mon fan’s club peut en rajouter avec des trucs genre : « Tout le monde lui est tombé dessus lorsqu’il a dit qu’il y avait des sangliers dans le canton de Vaud ! »
Etc.
Et ça, c’est très utilisé. On parle beaucoup de la technique consistant à déformer les propos d’une autre personne pour ensuite les critiquer (homme de paille). Mais on parle moins de cette technique, pourtant répandue, consistant à déformer ses propres propos pour les faire paraître acceptables.
Bref, l’argument du « IL DIT DES CHOSES JUSTES », c’est de la merde.
Je vais conclure avec une autre image. On va quitter les forêts vaudoises pour aller chez votre garagiste.
Vous imaginez que votre garagiste vous a arnaqué sur la dernière réparation. Vous découvrez qu’il a bidouillé le devis et vous a facturé des travaux qu’il n’a pas effectués. Vous êtes scandalisés. Vous parlez d’escroquerie…
…Et moi je débarque en mode « il dit des choses justes » :
« Heu… Ouais. OK. Il a peut-être pas changé le joint de culasse. Mais il a bel et bien changé le filtre à air. Hein ? Alors il faut bien admettre qu’il y a des choses justes, c’est pas tout faux, etc. »
Ça vous paraît très con, hein ? Vous n’accepteriez pas des raisonnements aussi débiles dans vos relations commerciales ?
Alors ne les acceptez pas dans les débats publics.